En pleine préparation des prochains jeux olympiques de Londres, Jessica Harrison, probable capitaine de l’équipe de France féminine de triathlon, est venue participer et remporter facilement le duathlon de Carcassonne, organisé par le TCC, au pied de la cité. Jessica Harrison (12ème aux derniers jeux olympiques de Pékin, vice-championne du monde 2010, 1ère d’une coupe du monde en 2011, triple championne de France) s’est amicalement prêtée à une interview exclusive avec Christophe Boulay, triathlète au TCC.

1/ Merci de nous avoir fait l’honneur de votre participation et bravo pour votre victoire sur la distance sprint. Comment avez-vous trouvé le parcours, et la course en général, au pied de notre cité médiévale ?
Je pense qu’il ne doit pas y avoir de plus joli duathlon en France ! J’ai toujours adoré venir à Carcassonne pour y faire une course au pied, et dans les remparts c’est vraiment spécial. Le parcours est quand même exigeant : la première course à pied est assez cassante avec le départ en descente et la monté sur les pavés pour rentrer dans les remparts. Après le vélo est très roulant, tout en puissance. Et puis la dernière course à pied… ça fait mal aux jambes avec les parties de cross et les descentes raides ! Donc, en somme, une super séance et en plus dans un cadre magnifique.

2/ Cette venue à Carcassonne s’inscrivait-elle dans le cadre de votre préparation ou était-ce pour d’autres raisons ?
Oui c’était prévu comme une séance dure à la fin de mon dernier cycle de travail avant les championnats d’Europe le 20 avril et ce n’est pas raté ! J’ai mal aux jambes aujourd’hui !!! Le fait que mes parents habitent à Prades dans les PO était un bonus, comme ça ils ont pu venir voir la course et profiter du cadre ainsi que du soleil.

3/ On vous voit assez peu sur les courses de la région alors que vous y habitez depuis plusieurs années, pouvez-vous choisir vos courses ou avez vous un programme imposé ?
C’est vrai que dans l’idéal j’aimerais faire plus de courses « régionales », car j’apprécie vraiment l’ambiance sur ces courses et je trouve les parcours souvent moins banaux que sur les courses internationales. Mais malheureusement, même s’il n’y a pas de calendrier imposé, il y a quand même pas mal de courses que je dois faire. Entre les Grand prix pour mon club de Poissy et les étapes de Championnat du monde (7 ou 8 dans la saison), cela ne me laisse pas beaucoup de weekends et les weekends où je suis libre, je dois souvent retravailler un peu la forme !

4/ Habituée du circuit international, appréciez-vous les duathlons ou triathlon de club, sans enjeu de qualification, mais avec une organisation peut-être plus conviviale et le dévouement des bénévoles ?
Complètement ! J’adore l’ambiance et la convivialité sur les course « clubs », c’est la vraie passion du triathlon qui sort ! Par contre il ne faut pas penser que les courses internationales sont vides d’ambiance. Même si les courses en elles même sont plus rodées (obligation pour la télé souvent), les personnes impliquées, que ce soit aux Grands Prix ou sur les courses ITU, restent des passionnés de triathlon et j’ai rencontré vraiment des gens géniaux pendant ces dernières années sur le circuit ITU et GP.

5/ Quand vous habitiez chez nos voisins catalans vers Prades, construisiez vous, vous même vos entrainements, ou aviez vous votre coach à distance ?
J’ai passé plusieurs phases – à distance avec un coach anglais, puis je me coachais moi-même. Après j’ai eu l’aide du père de Lilian Olive pendant une période (Jean-Pierre) et puis la dernière année à Prades c’était Philippe Arnaud de Céret (qui travaille maintenant au STAPS de Font Romeu entre autre) qui m’entrainait.

6/ Vous préparez les championnats d’Europe en Israël fin avril, les mondiaux du 29 juillet en Espagne et bien sûr les JO, votre préparation se passe-t-elle bien ?
Oui pour l’instant tout roule, les séances s’enchainent bien et je n’ai pas eu de problèmes cet hiver (blessures, maladie), donc j’ai hâte de vraiment commencer la saison en Israël pour voir ce que ça donne quand je suis reposée et affutée !

7/ Combien d’heures et de km d’entrainement dans chaque discipline actuellement ?
En gros dans les 28 heures par semaine. En natation ça fait 5 séances d’au moins 5km à chaque fois (donc entre 25 et 30km/semaine). 2 séances de ppg (préparation physique générale) de 1 heure. 4 à 5 sorties vélo en tout, entre 11 et 12hr, soit 300 à 400 km par semaine. Puis à pied je cours à peu près 8 fois par semaine pour faire entre 80 et 100 km.

8/ Comment est l’ambiance au sein de l’équipe de France ? Le stress monte-t-il ? La peur de la blessure ?
Tout le monde est certes assez focalisé mais honnêtement l’ambiance est super, comme d’habitude. On a la chance d’avoir un groupe avec des gars (et filles !) bien dans leur peau, qui veulent performer avant tout mais qui savent s’amuser aussi. Donc l’ambiance reste très saine.

9/ De part votre grande expérience et votre brillant palmarès, vous faites probablement office de fer de lance de l’équipe de France féminine, comment endossez-vous ce rôle ?
Je crois que les medias vont surtout mettre le spotlight sur Emmie (NDR : Emmie Charayron, championne d’Europe en titre) au vue de ses résultats de l’année dernière (ce qui est normal). Mais effectivement vu que je suis là depuis des siècles 🙂 on risque de me placer un peu comme « capitaine » et ça ne me dérange pas du tout. Je sais ce que je dois faire à Londres et avant. De plus j’ai l’avantage d’avoir déjà fait (et réussi) les Jeux en 2008 (NDR 12è aux JO de Pékin), donc je pars sereine et si on a besoin de moi je suis là.

10/ Comment estimez-vous vos chances de médaille aux JO cette année, au regard du plateau international qui sera présent ?
Evidement ça va être super dur, et je crois qu’il y en aura plus qu’un qui se taperait le cul par terre si ça arrivait ! Mais je m’entraine pour ça. Je ne veux pas y être pour faire moins bien que la dernière fois (12ème). L’avantage chez les filles (contrairement aux gars) c’est qu’il n’y a pas une ou deux filles qui dominent le circuit. Donc ça reste assez ouvert comme course – comme on a pu voir à Pékin l’année dernière ou j’étais encore dans la lutte pour le podium à 500m de l’arrivé. Du coup j’ai travaillé mon sprint 🙂

11/ Plus généralement comment imaginez-vous l’évolution du triathlon dans les années à venir ?
Je crois que ça peut être le prochain sport « à la mode », un peu comme c’est le cas en Angleterre en ce moment, donc plus de participants et plus de jeunes j’espère ! Par contre j’aimerais croire qu’on trouvera encore des courses abordables et conviviales comme celle de Carcassonne ! Vu que ma reconversion se fera avec la société Mako wetsuits (je suis graphiste et associée) j’espère bien que le triathlon grandisse, ça nous arrangerait 😉

12/ Pour finir, si vous ne le savez pas, le TCC organise son grand triathlon mi-septembre (sprint, CD et Half), dans notre splendide lac entouré de sapins et un parcours vélo difficile qui peut vous convenir. Peut-on espérer vous y voir cette année ou une autre ?
Cette année, ça risque d’être difficile, car beaucoup de courses tombent au mois de septembre (les championnats de France, le dernier GP à Nice, la Baule), mais je garde un œil sur la date !

Jessica je vous remercie vraiment d’avoir pris le temps de nous répondre, et sachez que tout le TCC sera derrière son écran le 4 aout pour vous soutenir.
Merci à vous c’est super gentil.

Jessica Harrison en préparation olympique sur le Duathlon de la Cité